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End of the parliamentary session in Quebec City: Blockade, virus and omnibus

François Legault, Horacio Arruda and Danielle McCann

Photo Credit: PC Photo/Jacques Boissinot

Photo Credit: PC Photo/Jacques Boissinot

Alexandre Boucher, Vice-President, Public Affairs in Quebec City, provides a summary of the parliamentary session that is ending today at the National Assembly. (The article is in French.)

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C’était la session parlementaire censée consacrer l’environnement comme priorité gouvernementale. Mais le vilain virus en a décidé autrement. Depuis, les Québécois se tiennent à deux mètres de distance, mais ils se sont sérieusement rapprochés de leur premier ministre qui caracole dans les sondages et qui voit sa cote d’amour avec l’électorat atteindre des sommets.

Retour sur une session parlementaire singulière.

On a tendance à l’oublier, mais cette session parlementaire a débuté par une autre crise – autochtone celle-là – avec les interminables blocus ferroviaires. Le mouvement, né en Colombie-Britannique, a pris de l’ampleur jusqu’à paralyser le Québec. Pour forcer la levée des barricades, François Legault a levé le ton face à Ottawa. Mais l’histoire retiendra surtout que le gouvernement Legault a trébuché dans ce dossier en enfilant les déclarations maladroites, ce qui a été de nature à refroidir ses relations avec les Premières Nations.

Et comme ça prend une crise pour en éclipser une autre : la COVID-19 a vite fait de reléguer à l’arrière-plan ces maladresses.

Si l’opinion publique a applaudi le gouvernement pour son leadership et son empressement pour son plan de confinement, la prise de conscience devant l’ampleur de la crise qui se dessinait a été plutôt lente.

Le 10 mars 2020, 48 heures avant que le « Québec se mette en mode urgence », le gouvernement ne dérogeait pas d’un iota de son agenda politique. Il avait convié 1 000 personnes massées dans le Centre des congrès de Québec pour éplucher le deuxième budget du ministre des Finances et des centaines d’invités venus trinquer au Salon rouge. Au même moment, le grand argentier claironnait que son cadre financier tiendrait la route malgré l’inexorable coronavirus qui menaçait de débarquer. « Tout ça est gérable », répétait-il inlassablement. La suite est connue. Pas surprenant que M. Legault reconnaisse finalement qu’on est « rentrés dans cette crise mal équipés ».

N’empêche, le premier ministre a vite enfilé son costume de chef d’État. La cellule de crise était parfaitement huilée et le trio Legault-McCann-Arruda savait trouver les bons mots pour rassurer la population. On finissait par oublier que le bilan s’alourdissait dangereusement, que le réseau de santé était désorganisé, que les résidences pour aînés – dans l’angle mort – allaient devenir « la crise dans la crise » et que Montréal devenait un important épicentre mondial.

L’exercice s’est passablement compliqué lorsqu’on a commencé à multiplier les porte-parole au sein de l’équipe ministérielle. Heureusement, le plan de déconfinement – au sujet duquel plusieurs étaient sceptiques – a permis au gouvernement de reprendre le contrôle et de regagner en crédibilité.

La crise actuelle a permis à des ministres de s’imposer : Geneviève Guilbault (Sécurité publique), Danielle McCann (Santé) et Pierre Fitzgibbon (Économie). D’autres, comme Jean Boulet (Emploi), sont sortis de l’ombre et ont pris du galon. À l’inverse, les étoiles des ministres Marguerite Blais (Aînés), Jean-François Roberge (Éducation), Nathalie Roy (Culture) et Mathieu Lacombe (Famille) ont pâli. Heureusement pour eux, un remaniement ministériel ne semble pas sur l’écran radar, même avec la mi-mandat qui approche.

« Notre mandat a changé »

Devant ses ministres, le premier ministre aurait lancé un avertissement : « Le monde a changé, notre mandat a changé ». Habitué de nager dans les surplus, le gouvernement Legault s’apprête à jongler avec des déficits, évalués à 15 milliards $ cette année seulement. Pas question, promet-on, de revenir à une ère d’austérité ni d’augmenter le fardeau fiscal des contribuables. Chose certaine, le spectre d’analyse des dossiers a changé radicalement. D’ailleurs, un comité restreint de ministres se penchera sur l’ensemble des projets, en priorisant ceux susceptibles de contribuer à la relance économique du Québec. Il sera intéressant de suivre la trajectoire de gouvernance de la CAQ qui reviendra à son ADN originel avec le retour d’un discours axé sur l’efficience de l’État, les gains d’optimisation et la rigueur budgétaire.

À mesure que le Québec se déconfine et que la première vague de la pandémie s’essouffle, les missions essentielles de l’État réapparaissent. Les ministères se remettent en marche. Certes, des priorités ont fait du surplace. On attend toujours le dévoilement du Plan d’électrification et de changements climatiques. Le démantèlement du Centre de services partagés est finalement repoussé au-delà de l’urgence sanitaire. Les conseils d’administration des centres de services scolaires seront nommés plus tard. Bien sûr, le télétravail a amplifié le virage numérique du gouvernement, mais le départ inopiné de la dirigeante principale de l’information – en poste depuis moins de six mois – a causé bien des maux de tête dans les hautes instances du Conseil du trésor.

Autre victime collatérale du virus : l’aspirant chef libéral Alexandre Cusson, forcé de battre en retraite et de mettre un terme à sa course à la chefferie. Ironie du sort, Dominique Anglade, couronnée cheffe de l’opposition officielle, se retrouve à donner la réplique à celui qui l’avait recrutée comme présidente de son parti en 2012.

Le Parlement ferme officiellement ses portes aujourd’hui. Dans les faits, les banquettes de l’Assemblée nationale risquent de servir durant la saison chaude. La laborieuse étude des crédits budgétaires est reportée en août; l’avancement du menu législatif a piétiné et la session risque d’être finalement prolongée pour éviter une adoption sous un énième bâillon.

Le gouvernement tient mordicus à faire adopter son projet de loi 61. Une pièce législative pour accélérer des travaux d’infrastructures, stimuler l’économie, mais aussi couper court aux procédures et évaluations environnementales. Finalement, pour le meilleur ou pour le pire, cette session aura terminé comme elle devait commencer : avec l’environnement à l’avant-plan.

Après des semaines où les partis d’opposition ont été relégués dans un rôle de figuration, les hostilités parlementaires ont repris de plus belle au cours des derniers jours. Force est de constater que le gouvernement Legault a sous-estimé, d’une part, la capacité des partis d’opposition à lui faire revoir ses devoirs, mais surtout, la sensibilité qu’accordent maintenant les Québécois à la question environnementale. Clairement, la résistance est grande lorsqu’on remet en cause certains garde-fous au nom de l’économie.

Il y avait longtemps qu’on n’avait pas vu une joute politique aussi animée. De toute évidence, la collaboration des partis d’opposition se termine lorsque le gouvernement cherche à obtenir un chèque en blanc ou à retirer certains remparts.