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Devons-nous nous préparer à une élection fédérale cet automne?

Drapeau du Canada

Les organisations canadiennes qui tentent de prédire les intentions du gouvernement fédéral concernant le déclenchement des élections devraient considérer cet aspect inusité de la démocratie canadienne : les politiciens doivent continuellement rejeter l'idée même de convoquer les Canadiens aux urnes, avant de se raviser selon les circonstances.

C'est pourquoi le premier ministre Trudeau continue d’affirmer que l’idée de déclencher une élection prochainement ne lui effleure même pas l’esprit, même après que le parti ait organisé une convention virtuelle comprenant des ateliers intitulés « Campagnes sécuritaires et inclusives » et « Gagner des courses serrées » au début du printemps.

Pas besoin d'être un expert politique pour savoir que M. Trudeau a envie d'aller sur le terrain. Le premier ministre est à son meilleur lorsqu'il échange avec les Canadiens, loin de la colline parlementaire. C'est peut-être pour cette raison que les députés expérimentés qui ne se représenteront pas ont pris le temps de prononcer des discours d'adieu avant que la Chambre des communes ne suspende ses activités pour la pause estivale.

Le plus grand risque pour les libéraux est de ne pas saisir la fenêtre d'opportunité qui s'offre à eux : le parti présente d'excellents résultats dans les sondages, les campagnes de vaccination s'intensifient partout au Canada et l'opposition officielle n'a pas encore réussi à séduire les électeurs.

La plupart des analystes politiques s'entendent pour dire que le chef du Parti conservateur, Erin O'Toole, a raté sa première impression avec les Canadiens. M. O'Toole a désespérément besoin d'élargir sa base d'électeurs à l'extérieur des Prairies, et cela signifie qu'il devra endosser des valeurs politiques qui leur sont chères comme la protection de l'environnement. À sa décharge, c'est exactement ce qu'il a tenté de faire en proposant une « taxe » sur le carbone qui semble fonctionner de la même façon que la taxe sur le carbone de M. Trudeau. Mais, comme l'a dit l'ancien candidat à la direction du parti Peter MacKay, les membres du Parti conservateur semblent avoir l'intention d'accrocher un autre « albatros » autour du cou de leur chef, cette fois en refusant de reconnaître l'existence même du changement climatique lors du dernier congrès conservateur. Les libéraux ne manqueront pas de critiquer cette position.

Il faut également évaluer la position actuelle des autres partis fédéraux. Dans ce contexte, une décennie après la vague orange qui a déferlé sur le Canada, le NPD représente une menace potentielle à la majorité que souhaite obtenir les libéraux. Les finances du parti sont à nouveau en ordre et Jagmeet Singh est devenu le seul chef fédéral à jouir d'une cote de popularité positive – particulièrement après sa vive réaction à la suite de la découverte des restes de 215 enfants autochtones sur le terrain de l'ancien pensionnat autochtone à Kamloops et de l'attaque terroriste visant la famille Afzaal à London, en Ontario. Attendez-vous à ce que M. Singh rappelle aux Canadiens le rôle que son parti a joué dans l'adoption de certaines mesures liées à la COVID-19 : l'augmentation du montant de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) et sa prolongation, l'augmentation de la subvention salariale d'urgence du Canada de 10 à 75 % des salaires, les prestations ciblées pour les étudiants, les personnes âgées et les personnes handicapées, et une nouvelle prestation de congé de maladie pour les personnes atteintes de la COVID-19, que M. Singh a qualifiée de « plus grande » réalisation de son parti pendant la pandémie.

Le Bloc québécois est prêt à jouer les trouble-fête pour M. Trudeau. Les libéraux doivent obtenir plusieurs sièges au Québec s'ils veulent obtenir un mandat majoritaire. Mais comme le Bloc québécois se maintient constamment tout juste sous la barre des 30 %, on se demande bien d'où viendront ces sièges. NATIONAL estime que cette situation mérite d'être surveillée de près au cours des prochains mois : sans une remontée potentielle des libéraux, ces derniers pourraient être condamnés à conserver leur statut actuel de gouvernement minoritaire.

Plutôt que de subir la critique potentielle des électeurs mécontents du déclenchement d'une élection anticipée, les gouvernements minoritaires cherchent généralement des sujets pour justifier leur action, même s'ils doivent les fabriquer eux-mêmes. Cette fois-ci ne fait pas exception; les ministres du Cabinet libéral se sont empressés de déplorer le dysfonctionnement du Parlement qui ne permet pas au gouvernement d'adopter des lois essentielles comme le projet de loi C-10, la réforme tant attendue concernant la radiodiffusion.

Pourtant, cela ne correspond pas à la réalité politique actuelle : il y a de bonnes raisons de considérer que la législature actuelle a en fait été relativement productive.

Mais alors que les députés avancent péniblement dans la dernière semaine de séance de la Chambre des communes, le message des membres du gouvernement est clair : préparez-vous à une campagne électorale à l'automne. Bien que rien ne soit impossible en politique, il y a fort à parier que les Canadiens se rendront aux urnes au cours des prochains mois, à moins que des événements importants ne surviennent au cours de l'été ou que le programme de vaccination pancanadien ne connaisse des ratés.

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——— Simon Beauchemin était directeur principal, Investissement et Commerce au Cabinet de relations publiques NATIONAL

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