Le premier budget du gouvernement Carney sera présenté au Parlement la semaine prochaine, le 4 novembre 2025. Malgré les efforts déployés pour éviter cela, les attentes à l'égard du budget sont élevées dans un contexte de retour à des relations commerciales tumultueuses avec les États-Unis.
À bien des égards, le budget 2025 pourrait être le point de convergence des ambitions du gouvernement, qui cherche à opérer des changements transformateurs tout en faisant face à un bilan difficile et à la réalité d'un ralentissement économique.
En effet, le facteur déterminant qui façonne le paysage politique fédéral actuel est l'approche du président américain en matière de politique commerciale et industrielle. À ce titre, toutes les initiatives fédérales doivent être considérées à travers le prisme de la réponse stratégique du Canada aux répercussions économiques des nouveaux tarifs douaniers américains, de la conclusion d'un nouvel accord commercial avec les États-Unis et de son approche visant à élargir ses relations commerciales mondiales.
Cette stratégie économique s'accompagne d'une importance accrue accordée par le gouvernement fédéral à la souveraineté du Canada et à la capacité nationale dans des secteurs clés, notamment l'énergie, l'industrie manufacturière et l'intelligence artificielle.
Les menaces brandies par les partis d'opposition à l'approche du budget sont bien connues après des années de gouvernement fédéral minoritaire. Sous le titre « Canadians Can't Afford to Eat » (Les Canadiens n'ont pas les moyens de se nourrir), le chef conservateur Pierre Poilievre demande le renversement des politiques libérales qui, selon lui, ont causé un déficit inflationniste et érodé l'accessibilité financière. Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, et le chef intérimaire du NPD, Don Davies, ont tous deux présenté leur propre liste de souhaits budgétaires, tandis que M. Blanchet a ajouté une note menaçante : « [Les libéraux] connaissent nos conditions, et s'ils se réveillent un peu trop tard, ce sera encore une fois leur problème. »
Afin d'apaiser les revendications de l'opposition et les attentes du public concernant le budget de l'automne 2025, le premier ministre Mark Carney a prononcé un discours prébudgétaire exceptionnellement diffusé en direct.
Avec sa déclaration « Canada has what the world wants » (Le Canada a ce que le monde veut), M. Carney a promis un budget qui fera des investissements générationnels dans les trois domaines suivants :
- Protéger les communautés, les frontières et notre mode de vie ;
- Bâtir une économie plus forte où chacun a la possibilité de progresser ; et
- Donner aux Canadiens de nouvelles possibilités, de meilleures carrières et un coût de la vie moins élevé.
L'équipe du NATIONAL attendra du budget qu'il apporte des éclaircissements sur les nombreuses stratégies importantes qui ont été promises depuis les élections, y compris certaines qui ont déjà été lancées de manière informelle avant le budget.
Il s'agit notamment des cinq domaines suivants.
Plan économique pour contrer les effets des tarifs
Le premier ministre Mark Carney a été élu à la tête d'un gouvernement disposant d'une quasi-majorité dans ce contexte afin d'apporter une certaine stabilité aux relations économiques, énergétiques et sécuritaires tumultueuses entre les États-Unis et le Canada. Un ensemble de mesures visant à aider les travailleurs, les secteurs et les régions touchés de manière disproportionnée par les tarifs douaniers américains a été annoncé au début de l'automne. Cet ensemble de mesures comprend notamment un fonds d'intervention stratégique de 5 milliards de dollars, un programme de reconversion professionnelle pour jusqu'à 50 000 travailleurs, une nouvelle politique d'achat de produits canadiens et une initiative régionale de réponse tarifaire de 1 milliard de dollars pour les PME. Compte tenu des nouveaux développements dans le secteur automobile et des menaces d'une augmentation de 10 % des tarifs douaniers existants, NATIONAL cherchera à obtenir des précisions sur le financement fédéral supplémentaire pour les secteurs touchés par l'état des relations commerciales avec les États-Unis.
Intelligence artificielle
Le tout premier ministre de l'Intelligence artificielle et de l’Innovation numérique du Canada, Evan Solomon, joue un rôle de premier plan dans ce nouveau cabinet, le premier ministre Mark Carney soulignant l'importance d'un « nuage souverain canadien ». Au début du mois, le ministre Solomon a lancé une consultation nationale sur la prochaine stratégie du Canada en matière d'IA, sollicitant des contributions par l'intermédiaire d'un groupe de travail. La question clé du 4 novembre sera de savoir si cette nouvelle stratégie bénéficiera d'un nouveau financement dans le budget 2025, s'appuyant sur l'investissement précédent de 2 milliards de dollars du gouvernement dans le budget 2024.
Stratégie industrielle en matière de défense
Un autre élément majeur du mandat du premier ministre a été son engagement rapide à augmenter rapidement les dépenses de défense, afin d'atteindre l'objectif de 2 % fixé par l'OTAN pour cet exercice financier et le nouvel objectif de 5 % d'ici 2035. À cette fin, le premier ministre a lancé l'Agence de l'investissement dans la défense, dont l'objectif est de rationaliser le processus d'approvisionnement et, surtout, de lier plus stratégiquement l'approvisionnement aux avantages industriels nationaux. La manière dont ce financement est mis en œuvre présente un intérêt intersectoriel et juridictionnel.
Maisons Canada
Un autre élément majeur du programme électoral de Carney était l'engagement à augmenter rapidement l'offre de logements au Canada afin de répondre aux pressions sur les coûts et à la pénurie de logements. Conformément à son approche centralisée dans d'autres domaines, le premier ministre Carney a lancé le 14 septembre le nouvel organisme Maisons Canada, avec un investissement initial de 13 milliards de dollars pour construire rapidement des logements abordables. NATIONAL attend les détails de ce financement dans le budget 2025.
Stratégie de compétitivité climatique
Au début de l'automne, le premier ministre a promis de présenter une nouvelle stratégie de compétitivité climatique dans le budget 2025. Bien que peu de détails aient été révélés à ce sujet, M. Carney a promis qu’elle se concentrerait sur les résultats plutôt que sur les objectifs et sur l'investissement plutôt que sur l'interdiction. Cette déclaration laisse entrevoir une ouverture à envisager des changements aux réglementations environnementales de l'ère Trudeau, telles que la norme de disponibilité des véhicules électriques, le plafond des émissions de gaz à effet de serre pour le pétrole et le gaz, et le cadre pour l'électricité propre. Reste à voir si d'autres changements seront apportés.
Portée des réductions opérationnelles
Enfin, à l'approche du budget, le ministre des Finances François-Philippe Champagne a annoncé une nouvelle approche qui divisera les dépenses en investissements opérationnels et en investissements en capital, avec des réductions prévues pour le budget opérationnel. NATIONAL évaluera le budget afin de déterminer l'incidence de ces réductions opérationnelles sur la prestation des programmes, y compris les programmes et les responsabilités fédéraux en matière de santé et de services sociaux.
Enfin, compte tenu du statut minoritaire du gouvernement Carney, les experts en affaires publiques de NATIONAL suivront de près le vote de confiance et le processus législatif du projet de loi budgétaire afin de détecter toute perte de confiance potentielle ou tout changement/concession majeur. Les entreprises et les parties prenantes peuvent compter sur notre équipe pour naviguer dans cet environnement politique instable, tendu et à haut risque.
