Allez au contenuAllez à la navigation

Élection fédérale 2021 : quel enjeu a fait bouger l'aiguille politique jusqu’à présent?

Boussole

Il y a bientôt deux semaines que la campagne électorale a débuté. Il est très facile de supposer que les activités quotidiennes de la campagne – annonces de plateformes, accusations, contre-accusations et querelles sur Twitter, pour ne citer que quelques exemples – peuvent entraîner un élan en faveur d'un parti ou avoir un impact sur les électeurs canadiens.

Pourtant, ce n'est pas le cas. La plupart du temps, il s'agit d'un simple spectacle politique.

En l'absence d'un véritable moment choc – et en dépit de l'évolution que décrit les sondages quotidiens – les principaux facteurs qui détermineront les résultats du 20 septembre sont apparemment plus lents à se matérialiser. Nous sommes toujours à la recherche de la fameuse question de l'urne, qui se concrétise très rarement, voire jamais.

L'équipe pancanadienne d'experts en affaires publiques de NATIONAL a aidé ses clients à comprendre les tenants et les aboutissants de l'élection 2021 et à faire le point sur la situation depuis le début de la campagne. Les électeurs canadiens s'intéressent-ils vraiment à cette dernière? Nous en doutons. En raison de la saison estivale, de l'angoisse que suscite la COVID-19 et du fait que de nombreux parents se concentrent sur le retour à l'école, la campagne fédérale est loin d'être la priorité de la majorité des Canadiens.

Alors que nous nous apprêtons à entamer la troisième semaine de la campagne et que les débats électoraux approchent à grands pas (ils auront lieu les 2, 8 et 9 septembre), nous vous proposons un bref résumé des principales tendances qui commencent à émerger sur le terrain :

En quête de dynamisme politique

L'accessibilité au logement et les soins de santé sont deux questions sur lesquelles les partis se sont déjà disputés à de multiples reprises. Les libéraux, les conservateurs, les bloquistes et les néo-démocrates ont tous formulé leurs propositions sur ces thèmes et sur d'autres sujets. Ils ciblent tous leurs bases électorales traditionnelles, en espérant élargir leurs électorats potentiels. Cependant, aucun enjeu déterminant ne caractérise les deux premières semaines de la campagne 2021, à l'exception peut-être d'un dossier que personne ne s'attendait à voir faire les manchettes pendant la campagne : l'Afghanistan et le retrait des troupes américaines. Nous nous attendons à ce que cette thématique disparaisse progressivement des grands titres de l'actualité. Toutefois, on ne sait toujours pas quel sera le thème dominant de la campagne alors que le mois de septembre approche.

L'annonce des plateformes électorales

Les conservateurs et le NPD ont décidé de publier leurs promesses électorales en bloc dès le début de la campagne. En revanche, la plateforme libérale n'est pas encore disponible, le parti ayant adopté une approche d'annonces quotidiennes. Cela aura-t-il un impact en fin de compte? Les libéraux s’attendaient-ils à ce que leur gestion efficace de la pandémie de COVID-19 et leur budget de 2021 soient la base pour convaincre les Canadiens de les réélire? Cela reste à voir. Mais pour les conservateurs, du moins, la présentation immédiate d'un plan détaillé a permis de faire valoir qu'ils sont prêts à gouverner et qu'ils ont déjà prévu les moindres détails. Cela a fait grimper la cote du parti dans les sondages nationaux.

Une élection « post-pandémique » 2.0?

La récente élection provinciale du 17 août en Nouvelle-Écosse pourrait être un signe avant-coureur des choses à venir sur la scène fédérale. Le nouveau premier ministre Tim Houston - et la victoire majoritaire de son équipe - sera un modèle que tous les partis fédéraux examineront au cours de la campagne. De l'avis de NATIONAL, les progressistes-conservateurs de la Nouvelle-Écosse ont réussi à prouver que ce n'est pas parce qu’un parti au pouvoir a bien géré la pandémie de COVID-19 qu'il doit nécessairement obtenir un nouveau mandat. Cela ne place pas non plus le gouvernement sortant à l'abri des critiques et ne rend pas automatiquement son plan de relance plus clair, malgré la reconnaissance du public pour le rôle qu’il a joué durant la pandémie. Les électeurs, à juste titre, veulent comprendre clairement quelles seront les prochaines étapes : en d'autres termes, quel est le plan après ces 20 mois épuisants ? La réponse a intérêt à être claire comme de l'eau de roche. M. Trudeau et son équipe ne pourront pas se contenter d'invoquer les performances antérieures pour tenter de justifier leurs compétences futures.

Le silence des premiers ministres provinciaux

Les réunions entre le premier ministre fédéral et les premiers ministres provinciaux étaient des événements rares par le passé. Jusqu'à ce que la COVID-19 frappe. La crise a donné lieu à des discussions hebdomadaires entre les dirigeants et à une collaboration entre les différents paliers de gouvernement pour élaborer et mettre en œuvre les réponses nécessaires sur les principaux fronts. Qu'en est-il maintenant? Un silence radio règne depuis le déclenchement des élections, ce qui contraste fortement avec les annonces, les conférences de presse et les poignées de main à la suite des accords majeurs conclus entre les premiers ministres provinciaux et le premier ministre du Canada sur des questions comme les garderies, avant que l'élection ne soit déclenchée. Il ne fait aucun doute que les premiers ministres provinciaux suivent attentivement le déroulement de l'élection 2021. Il n'y a pas beaucoup d'affinités entre le premier ministre albertain Jason Kenney et Erin O'Toole. Les recommandations du premier ministre québécois François Legault en faveur d'une augmentation inconditionnelle du Transfert canadien en matière de santé et d’un plein contrôle de Québec sur la catégorie d’immigration des réunifications familiales – exprimées sous forme de menaces à peine voilées à l'égard des partis plus au centre comme le Parti libéral et le NPD - nous indiquent pour la première fois qu'une campagne est bel et bien en cours. Toutefois, les dirigeants des autres provinces qui seront des champs de bataille critiques de l'élection fédérale, comme la Colombie-Britannique (Horgan) et l'Ontario (Ford), vont-ils faire pencher la balance en intervenant à leur tour?

Ne rien concéder

Les libéraux ont réussi à courtiser le vote de centre-gauche et progressiste depuis 2015 - en s'assurant notamment du soutien des travailleurs syndiqués - et ont maintenu de bonnes relations avec les principales organisations syndicales, comme Unifor, dans le cadre de la grande renégociation de l'ALENA. Tout cela s'est fait au grand dam du NPD. Toutefois, comme notre équipe l'a souligné le 25 août dernier, les conservateurs ont décidé de cibler ce groupe démographique clé. Et le parti a réservé des portions spécifiques de son programme pour souligner son engagement à rassembler un électorat plus vaste. Cela fonctionnera-t-il ? Il faudra voir. Mais c'est assurément une approche audacieuse.

L’élection 2021 nous laisse encore bien perplexes quand nous tentons de prédire ce qui déterminera le résultat final. Nous suivrons étroitement le cycle médiatique au quotidien afin d'identifier d'autres tendances émergentes.

L'équipe d'experts de NATIONAL, qui compte des stratèges dans tous les grands marchés canadiens, peut vous aider à comprendre comment les changements potentiels au Parlement auront un impact sur vos enjeux.

——— Tiéoulé Traoré était directeur, Relations gouvernementales au Cabinet de relations publiques NATIONAL

Suivant

Rédigé par Gordon Taylor Lee | Tiéoulé Traoré | Kevin Macintosh

Élection fédérale 2021 : courtiser la classe ouvrière
25 août 2021