Coup de balai sur la colline Parlementaire : important remaniement ministériel à Québec

L’intention avait été télégraphiée le 27 juin dernier, à quelques jours du déclenchement d’une élection partielle perdue d’avance. Soixante-quinze jours plus tard, après moult spéculations, rebondissements et paralysie dans l'appareil gouvernemental, François Legault dévoile enfin la composition de son nouveau Conseil des ministres.

Ironiquement, ce remaniement ministériel constamment annoncé puis repoussé, illustre la difficulté du gouvernement Legault à reprendre le contrôle de l’agenda. Cherchant à relancer son gouvernement et son parti politique, qui pourrait complètement disparaître de la carte électorale selon les agrégateurs de sondage, François Legault joue le tout pour le tout : un remaniement ministériel d’envergure – le plus important depuis l’arrivée de la CAQ au pouvoir. L’opération n’a rien de cosmétique et entraîne dans son sillage plusieurs ténors du gouvernement, notamment Geneviève Guilbault (Affaires municipales), Bernard Drainville (Environnement), Sonia LeBel (Éducation) et Jonatan Julien (Transports).

Onze ministres conservent sensiblement les mêmes responsabilités, douze changent de portefeuille et quatre députés font leur entrée au cabinet. Maintenant, le désir de changement épargne le sommet de la pyramide, dont Christian Dubé (Santé), Éric Girard (Finances) et Christine Fréchette (Économie et Énergie), qui conservent leurs fonctions.

Les travaux de la Commission Gallant ont certainement conditionné certains choix : Geneviève Guilbault perd ses titres de vice-première ministre et de ministre des Transports, tandis que François Bonnardel, député depuis 2007 est carrément exclu du cabinet.

Le Conseil des ministres contient toujours 29 sièges. La parité recule : 17 hommes et 12 femmes, et la fonction de vice-première ministre est étrangement laissée sans titulaire.

Cette stratégie de chaise musicale pour un gouvernement en perte de vitesse ressemble drôlement à celle de Justin Trudeau qui, l’an dernier, avait remanié sa garde rapprochée de ministres dans l’espoir de se donner un nouvel élan. On connaît l’effet mitigé que ce rebrassage a eu sur la popularité du gouvernement Trudeau. Il a plutôt fallu que Justin Trudeau démissionne et que Mark Carney soit couronné chef du parti pour permettre aux libéraux fédéraux d’être réélus pour un quatrième mandat.

Mais revenons à Québec. Ce redéploiement de l’équipe ministérielle sert de rampe de lancement à une année préélectorale. Il s’agit du premier jalon d’une opération de reconquête de l’électorat suivi d’un discours d’ouverture à la fin du mois pour annoncer de nouvelles priorités et un menu législatif renouvelé. Le gouvernement souhaite faire bouger l’aiguille d’ici le congé des fêtes.

Il sera intéressant d’observer l’effet que ce remaniement aura sur l’humeur de la population et de la députation. Avec la démission la semaine dernière de la ministre Andrée Laforest, partie briguer la mairie de Saguenay, les rétrogradations de François Bonnardel et de Maïté Blanchette-Vézina et l’expulsion du député Pierre Dufour, la dernière chose dont François Legault a besoin est le déclenchement d’élections partielles.

Ce que ce remaniement signifie pour vous

  • Arrivée à l’Économie et à l’Énergie il y a un an, Christine Fréchette demeure en poste. Son départ aurait surpris. Elle est délestée de sa responsabilité de la Métropole au profit de Chantal Rouleau.

  • Simon Jolin-Barrette demeure un joueur de premier plan en tant que leader parlementaire, ministre de la Justice et ministre des Relations canadiennes. Il pilotera aussi le dossier de constitution québécoise.

  • Aux Ressources naturelles et aux Forêts, Maïté Blanchette-Vézina quitte le cabinet et est remplacée par le député Jean-François Simard qui fait son entrée par la grande porte, en plus de cumuler la responsabilité politique de la Capitale-Nationale.

  • À la Santé, le premier ministre mise sur la stabilité. Fidèle soldat, Christian Dubé – qui quittera la vie politique à la fin du présent mandat – demeure l’homme de confiance pour piloter la transformation du réseau et veiller à la mise en orbite de Santé Québec.

  • Le vœu d’Éric Girard a été exaucé; il demeure le grand argentier des finances publiques.

  • Nouvelle venue au Conseil du trésor : France-Élaine Duranceau prend du galon et succède à Sonia LeBel avec le mandat de contrôler les dépenses publiques. Le volet Infrastructures est désormais la responsabilité de Benoit Charette tandis que l’Habitation est confié à Sonia Bélanger.

  • Départ prévisible que celui de Geneviève Guilbault aux Transports qui atterrit aux Affaires municipales. Malgré ses talents de communicatrice, Mme Guilbault aura connu un mandat houleux avec les tribulations de la SAAQ, son passage difficile à la Commission Gallant, la mise à l’arrêt du troisième lien, puis sa résurrection. Son collègue, Jonatan Julien la remplace.

  • Le vent de changement frappe aussi du côté de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Sonia LeBel et Martin Biron en deviennent les nouveaux titulaires. Pascale Déry devient ministre de l’Emploi.

  • Surprise à l’Environnement, où entre en scène Bernard Drainville avec le mandat d'accroitre l’efficacité dans ce ministère très bureaucratique.

  • Gilles Bélanger conserve la Cybersécurité et le Numérique. Son départ aurait surpris, lui qui avait pris la relève d’Éric Caire en février dernier, en pleine tourmente.

  • La responsabilité des Relations avec les Premières Nations et les Inuit incombe toujours à Ian Lafrenière. L’ex-policier occupera également un poste taillé sur mesure pour lui : ministre de la Sécurité publique.

  • Cinq nouveaux visages autour de la table : Amélie Dionne (Tourisme), Donald Martel (Agriculture), Éric Girard (Développement économique régional) et Samuel Poulin (délégué à l’Économie et à la Jeunesse).

  • D’autres ministres changent de portefeuille : Kateri Champagne-Jourdain (Famille), Caroline Proulx (Aînés), et Christopher Skeete (Relations internationales). De leur côté, c’est la stabilité pour Jean Boulet (Travail), Jean-François Roberge (Immigration et Langue française) Mathieu Lacombe (Culture), Lionel Carmant (Services sociaux), Isabelle Charest (Loisir et Sports) et Chantal Rouleau (Solidarité sociale et action communautaire).

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Rédigé parAlexandre BoucherAssocié et vice-président principal
Rédigé parMarc-André LeclercDirecteur principal, Affaires publiques

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