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Budget fédéral 2023 : le plan canadien du gouvernement Trudeau atteindra-t-il son but?

Budget fédéral 2023 : le plan canadien du gouvernement Trudeau atteindra-t-il son but?

LA PRESSE CANADIENNE/Justin Tang

LA PRESSE CANADIENNE/Justin Tang

Le budget fédéral présenté aujourd'hui est le troisième budget de Chrystia Freeland en tant que ministre des finances et le deuxième depuis les dernières élections de septembre 2021. Il est présenté à un moment où les derniers sondages indiquent que près de la moitié des Canadiens déclarent que leurs finances personnelles se sont dégradées au cours de l'année écoulée et où les libéraux sont en train de glisser vers le statut de deuxième parti.

La composition minoritaire du Parlement fédéral canadien continue d'être maintenue par un accord entre les libéraux et le Nouveau Parti démocratique (NPD). Bien que des fissures soient évidentes dans cette alliance, l'accord reste intact. La question clé est de savoir pour combien de temps.

Au cours de la période précédant le budget, la ministre Freeland s'est efforcée de réduire les attentes quant à la possibilité de nouvelles dépenses fédérales, en indiquant tout au long du premier trimestre que les taux d'intérêt plus élevés et les pressions inflationnistes limitaient le pouvoir de dépense du gouvernement fédéral.

Malgré ce discours, les semaines précédant le jour du budget ont vu le gouvernement fédéral prendre des engagements historiques en matière de dépenses de santé, promettant 46 milliards de dollars de transferts fédéraux dans le domaine de la santé, ainsi que de nouveaux investissements stratégiques majeurs dans l'énergie propre.

En ce qui concerne les soins de santé, le processus de négociation du gouvernement fédéral avec les provinces/territoires a déjà été marqué par des tensions et des prises de position importantes de part et d'autre. Pourtant, les discussions qui se sont déroulées en 2022 et au début de 2023 ont abouti à de nouveaux accords bilatéraux, à la suite d'une réunion de tous les premiers ministres en février 2023. Dans l'ensemble, ces nouveaux accords représentent une part importante de toutes les dépenses du budget 2023, tout en supprimant une source importante de tension politique au sein de la fédération.

Intitulé Un plan canadien : une classe moyenne forte, une économie abordable, un avenir prospère, le budget 2023 est présenté dans la foulée de la visite du président américain Biden à Ottawa la semaine dernière, au cours de laquelle le premier ministre Trudeau s'est joint au président pour renouveler les engagements relatifs aux intérêts communs en matière d'économie, de commerce et de défense. Le renforcement des engagements en matière de commerce continental et de chaînes d'approvisionnement figurait en bonne place à l'ordre du jour et s'aligne sur l'engagement pris par la ministre Freeland dans son discours du budget de « construire de grandes choses ici au Canada - d'une usine de fabrication de batteries Volkswagen en Ontario à la mine Galaxy Lithium au Québec, en passant par l'expansion de TransMountain en Alberta, la boucle de l'Atlantique et le terminal de LGN à Kitimat, en Colombie-Britannique ».

Le budget totalise 490,5 milliards de dollars de dépenses fédérales, dont les engagements suivants :

  • 198 milliards de dollars sur 10 ans par le biais du Transfert canadien en matière de santé, y compris 46 milliards de dollars d'investissements ciblés par le biais d'accords bilatéraux, aux provinces/territoires ;
  • 13,0 milliards de dollars sur cinq ans, à partir de 2023-2024, et 4,4 milliards de dollars en continu à Santé Canada pour mettre en œuvre le Régime canadien de soins dentaires, qui fournit une couverture aux Canadiens non assurés et aux Canadiens à faible revenu ;
  • un crédit d'impôt remboursable égal à 30 % du coût des investissements dans de nouvelles machines et de nouveaux équipements utilisés pour fabriquer ou traiter des technologies propres essentielles, et pour extraire, traiter ou recycler des minéraux critiques essentiels ;
  • un nouveau crédit d'impôt remboursable de 15 % pour l'investissement dans l'électricité propre, d'une valeur de 6,3 milliards de dollars sur quatre ans à partir de 2024-25 ;
  • l'engagement d'un investissement combiné de 20 milliards de dollars de la Banque de l'infrastructure du Canada dans le cadre de son domaine prioritaire de l'énergie propre et de son domaine prioritaire de l'infrastructure verte ;
  • 3 milliards de dollars sur 13 ans, à partir de 2023-24, à Ressources naturelles Canada pour recapitaliser le financement du Programme des énergies renouvelables intelligentes et de trajectoires d'électrification et renouveler le Programme des réseaux intelligents ;
  • une remise unique sur les produits d'épicerie d'une valeur de 2,5 milliards de dollars pour réduire l'inflation de façon ciblée pour les Canadiens à faible revenu ;
  • 40,4 millions de dollars sur cinq ans pour Affaires mondiales Canada et la Défense nationale afin d'établir le Centre d'excellence OTAN sur le changement climatique et la sécurité ;
  • réaffirme les « investissements fondamentaux » de plus de 55 milliards de dollars sur 20 ans annoncés l'année dernière pour la défense nationale du Canada ;
  • 13,5 millions de dollars sur cinq ans à Sécurité publique Canada pour la création d'un Bureau national de lutte contre les interférences étrangères ;
  • 500 millions de dollars sur dix ans pour le Fonds stratégique d'innovation afin de soutenir le développement et l'application de technologies propres au Canada ;
  • 333 millions de dollars sur dix ans pour la création d'un nouveau Fonds d'investissement et d'innovation laitière afin de soutenir les investissements dans la recherche et le développement de nouveaux produits.

Ce budget soigneusement élaboré a été conçu dans un contexte politique complexe et tendu. Les enjeux ne pourraient être plus élevés pour les libéraux au pouvoir, le nouveau leader conservateur ayant pris le dessus sur le premier ministre dans les derniers sondages, les préoccupations concernant l'ingérence de la Chine dans les processus politiques du Canada, l'incertitude quant à la longévité de l'accord de confiance et d'approvisionnement entre les libéraux et les néo-démocrates et la menace persistante d'une récession pour l'économie canadienne.

Les derniers sondages réalisés par Abacus Data placent les libéraux et les conservateurs dans une situation d'égalité statistique en ce qui concerne les intentions de vote, les conservateurs étant en tête avec 33 %, soit deux points de plus que les libéraux. Un sondage réalisé par le Angus Reid Institute révèle que le taux d'approbation du premier ministre est passé à 37 %, soit une baisse de six points au cours des trois derniers mois. Cette baisse s'est produite malgré les engagements de dépenses et les annonces faites par le premier ministre et les ministres tout au long du premier trimestre dans le cadre de la campagne électorale.

Dans les jours qui ont précédé la présentation du budget, les échanges entre le premier ministre et le leader conservateur lors de la période des questions sont devenus si vifs que le président a conseillé aux députés de « respirer profondément et de se calmer ». Il est peu probable que le Parlement minoritaire tienne compte de ce conseil.

Même un gouvernement minoritaire fort comme celui-ci est plus turbulent qu'un mandat majoritaire. Une fois de plus, les libéraux auront besoin du soutien d'un autre parti lors du prochain vote de confiance sur le budget à la Chambre des communes. Bien que l'on s'attende à ce qu'il soit adopté, le vote de confiance comporte le risque de voir les partis fédéraux se rendre aux urnes.

Cependant, le NPD devrait soutenir le gouvernement pour le vote du budget, comme il l'a fait depuis les élections de 2021, même si M. Singh risque d'accroître la pression sur le gouvernement pour qu'il augmente les dépenses des programmes sociaux. Compte tenu de l'incertitude qui règne dans les sondages, le gouvernement sera ouvert à des concessions afin de garantir l'adoption du budget et de voir son mandat se poursuivre.

À la fin de la semaine, le Parlement se retirera pour une période de deux semaines, au cours de laquelle le premier ministre, le ministre des Finances et d'autres ministres du Cabinet entameront une tournée intensive à travers le pays afin d'engager les Canadiens sur la question du budget.

NATIONAL sera à l'affût. Et notre équipe pancanadienne d'affaires publiques continuera de suivre les développements du budget de 2023 et d'en rendre compte en conséquence.

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Rédigé par Erik Nolan | Hayley Shaughnessy

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