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Budget 2021 : à quoi faut-il s’attendre du gouvernement Trudeau?

Budget 2021 : à quoi faut-il s’attendre du gouvernement Trudeau?

Alors que le gouvernement fédéral s'apprête à déposer son budget 2021 la semaine prochaine, tous les regards seront tournés vers le premier ministre Justin Trudeau, qui cherche à redynamiser une économie durement touchée par les effets de la COVID-19, mais aussi à s'assurer de répondre aux différents besoins des provinces et des territoires. Depuis mars 2020, nous avons vu son gouvernement travailler la plupart du temps en harmonie avec les 13 premiers ministres provinciaux et territoriaux, car une grande partie de leurs efforts collectifs ont été consacrés à la lutte contre le virus et à la relance économique.

Le premier ministre doit notamment déterminer si le moment est venu pour son gouvernement de briguer une majorité et d'affronter Erin O'Toole et ses conservateurs dans le cadre d'une élection fédérale. À bien des égards, le budget 2021 ne servira pas seulement à déterminer la façon dont les fonds fédéraux seront distribués, mais il indiquera également si nous sommes à l'aube d'une élection. Le budget 2021 devient de facto une plateforme électorale pour le gouvernement libéral.

Nous avons déjà assisté à la mise en œuvre par les libéraux de Trudeau de certains des thèmes centraux qui les ont fait élire en 2019, bien que le gouvernement soit minoritaire. Gonflés à bloc après le Congrès national du week-end dernier, les libéraux de Trudeau cherchent à profiter de l'élan actuel pour signaler, par le biais du budget 2021, qu'ils sont prêts à remporter un autre mandat, à condition que les Canadiens renouvellent leur confiance dans leur plateforme.

Éléments clés à surveiller dans le budget 2021

Relance économique

Bien que le taux de chômage au Canada soit actuellement revenu sous la barre des 8 %, divers secteurs sont toujours en grande difficulté (le commerce de détail, l'hôtellerie et le transport aérien, entre autres). À cette liste s'ajoutent les industries qui ont besoin du soutien du gouvernement fédéral pour soutenir les investissements en capital (énergie propre), celles qui dépendent de la main-d'œuvre étrangère (agriculture) et même les industries sans but lucratif qui ont été largement privées de dons dans l'ensemble de l'économie. Les dépenses n'ont jamais été un problème pour ce gouvernement dont le mantra est d'investir massivement pour l'avenir. La pandémie a épargné très peu de secteurs : comment le gouvernement va-t-il s'assurer que chacun reçoive sa part?

Santé

Ce secteur est l’objet de considérations à court et à long termes. De toute évidence, le gouvernement fédéral consacrera une partie importante de son budget à faire en sorte que les provinces et les territoires soient équipés pour faire face à un nouvel assaut de la pandémie, en finançant l'accélération des campagnes de vaccination et en contribuant aux efforts de dépistage et de traçage des cas. Lors du Congrès national libéral, les délégués du parti ont réitéré leurs souhaits de voir le Canada adopter un cadre national d'assurance-médicaments, d'établir des normes nationales pour les soins de longue durée et d'améliorer les services de santé dans les régions rurales et éloignées. Cependant, les provinces ont fait front commun et ont exprimé à plusieurs reprises, de façon très claire, qu'Ottawa devrait augmenter de façon significative sa contribution au Transfert canadien en matière de santé (TCS), de 22 % à 35 %, afin de les aider à assumer les coûts liés à leurs réseaux respectifs. Jusqu'à présent, le premier ministre Trudeau a maintenu sa position et s'est dit prêt à aborder ce sujet une fois la pandémie passée. Changera-t-il son fusil d'épaule?

Rebâtir pour le mieux

Les libéraux semblent vouloir rebâtir une économie centrée sur les citoyens et la planète. Alors que les rumeurs laissent miroiter la perspective d'une hausse du salaire minimum fédéral ou même d'un revenu minimum garanti, ce qui ravirait les plus progressistes, il est clair que le gouvernement fédéral veut protéger et promouvoir les intérêts des Canadiens. La vice-première ministre Chrystia Freeland a volontairement évoqué à de nombreuses reprises les mérites d'un système de garde d'enfants calqué sur celui du Québec. Ces différentes politiques indiquent que le gouvernement veut être le fer de lance d'une société canadienne qui prône l'égalité des chances. De plus, la pandémie n'a pas affaibli l'appétit des Canadiens pour des mesures climatiques audacieuses. Les libéraux devront s'appuyer sur les politiques qu'ils ont déjà mises en œuvre (taxe sur le carbone, interdiction des plastiques à usage unique, stratégie globale sur le changement climatique) pour positionner davantage le Canada comme un chef de file dans la transition vers une économie sans combustibles fossiles.

Qu’est-ce qui retiendra l’attention des provinces?

Colombie-Britannique

  • Précisions concernant la vaccination : alors que la pandémie en Colombie-Britannique a atteint son point le plus critique au début du mois d'avril, le taux de vaccination dans la province suscite une inquiétude croissante. Le gouvernement fédéral distribuera-t-il assez de doses à temps pour contrer la propagation rapide du variant P1 et des autres variants?
  • Infrastructure : le gouvernement provincial du Nouveau Parti démocratique de la Colombie-Britannique mise sur plusieurs projets de premier plan, notamment le prolongement du SkyTrain de Langley et le remplacement du George Massey Tunnel. Les gouvernements municipaux solliciteront également des fonds pour des projets locaux.
  • Priorités environnementales : le plan CleanBC du gouvernement provincial est l’élément central de ses politiques environnementales et économiques. Le NPD tentera d’obtenir un appui fédéral pour réduire les GES liés au réseau de transport et à l'économie de la province en élargissant les programmes de véhicules électriques et en développant une infrastructure de transmission d'énergie plus propre.

Alberta

  • Approvisionnement en vaccins : Après avoir essuyé des revers dans le cadre du déploiement de sa campagne de vaccination en janvier, l'Alberta cherche à obtenir l'assurance d'un approvisionnement durable et prévisible des trois vaccins actuellement approuvés, et possiblement d'un quatrième.
  • Soutien financier et relance économique : Avec un taux de chômage toujours élevé et une pression extrême sur les petites entreprises en raison de la pandémie qui se poursuit, l'Alberta espère un programme de soutien durable tout au long de la reprise.
  • Santé : L'Alberta se joint aux autres provinces pour demander une hausse permanente des transferts fédéraux en matière de santé.

Ontario

  • Augmentation du Transfert canadien en matière de santé (TCS) : Le premier ministre Doug Ford a maintenu le cap en défiant le premier ministre Trudeau et la ministre de la Santé Patty Hajdu pour obtenir une augmentation significative de la part de l'Ontario dans le Transfert canadien en matière de santé. Selon le gouvernement Ford, il existe un écart de 30 milliards de dollars entre ce qui est nécessaire et ce qui est fourni par les 80 millions de dollars de financement du transfert canadien en matière de santé à travers le Canada.
  • Déploiement des vaccins : Il ne fait aucun doute que l'Ontario, et plus largement le Canada, sont à la traîne par rapport à nos voisins du Sud en ce qui concerne le déploiement d'une campagne de vaccination efficace et rapide. Bien que le gouvernement fédéral ait fait quelques progrès par rapport à la situation du début mars, il reste encore beaucoup à faire.
  • Soutien aux PME : Le premier ministre Ford a souligné à quel point il apprécie la relation de travail et de collaboration qu'il entretient avec le gouvernement fédéral, et plus particulièrement avec la vice-première ministre Chrystia Freeland. Il espère que d'autres engagements seront pris pour soutenir les petites entreprises et les Ontariens qui ont subi des répercussions financières importantes en raison de la pandémie.

Québec

  • Augmentation du Transfert canadien en matière de santé (TCS) : Le gouvernement du Québec ainsi que les premiers ministres de tous les provinces et territoires ont formellement exigé que le TCS soit haussé pour atteindre 35 % des dépenses de santé dès 2021-2022. Pour le Québec, cela représente une hausse une somme supplémentaire de l’ordre de 6 milliards de dollars par année.
  • Aide aux transporteurs aériens et aux consommateurs qui ont vu leur vol annulé par la COVID-19 : Le gouvernement du Canada s’est engagé à aider les transporteurs aériens à passer au travers de la crise tout en les obligeant à rembourser les consommateurs affectés par l’annulation de leur vol. Au Québec, la situation difficile du transporteur aérien Transat rend cette aide d’Ottawa encore plus urgente.
  • Hausse de la partie fédérale dans le financement des infrastructures : Le gouvernement fédéral contribue au financement de projets d’infrastructures publiques par l’entremise de divers programmes. Le gouvernement du Québec estime que pour chaque dollar investi conjointement avec le gouvernement fédéral, la part du Québec dépasse les 80 %. Le gouvernement demande une hausse de la part assumée par le gouvernement fédéral.

Atlantique

  • Projets d'énergie renouvelable : Les provinces de l'Atlantique seront certainement à l'affût du financement fédéral pour les projets d'énergie renouvelable, notamment en ce qui concerne le projet Atlantic Loop et le soutien au projet hydroélectrique de Muskrat Falls. Cet intérêt marqué s’explique par l’arrivée au pouvoir du nouveau premier ministre néo-écossais Iain Rankin pour qui l'environnement est prioritaire et par la construction du projet hydroélectrique de Newfoundland Hydro qui est toujours en cours.
  • Transferts pour la santé : L'augmentation des transferts fédéraux en matière de santé est un autre élément que les Canadiens de l'Atlantique surveilleront dans le prochain budget. Avec l'augmentation des dépenses de santé due à la COVID-19, la demande croissante de services de santé mentale et le vieillissement de la population, les provinces de la côte Est chercheront à obtenir un meilleur soutien.
  • Stratégie nationale d'apprentissage et de garde des jeunes enfants : Le ralentissement économique et les pertes d'emplois causés par la pandémie se font sentir partout, et la région de l'Atlantique, malgré son succès relatif à maintenir un faible nombre de cas de COVID-19, ne fait pas exception. Les femmes subissent un impact disproportionné et c’est l'une des raisons pour lesquelles de plusieurs des provinces de l'Atlantique espèrent qu'une stratégie nationale d'apprentissage et de garde des jeunes enfants sera adoptée dans le cadre de ce budget.

Prochaines étapes

NATIONAL suivra de près le dépôt du budget 2021 et en préparera une analyse approfondie le 19 avril. Comme toujours, notre équipe d'experts en affaires publiques et en relations gouvernementales se tient à votre disposition.

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Rédigé par Alexandre Boucher | Yvan Loubier

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