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Budget 2019 : la dernière ligne droite avant octobre

Le ministre des Finances du Canada Bill Morneau

Crédit Photo : Stuart Isett/Fortune

Crédit Photo : Stuart Isett/Fortune

Les gouvernements de toutes les allégeances – et de toutes les juridictions – ont souvent de la difficulté à changer de proverbiale chaîne politique. Il est ardu, et souvent politiquement impossible, de s’éloigner des pressions incessantes de l’opposition et de l’examen minutieux des médias pour revenir à la trame narrative politique souhaitée.

Un terrain politique sûr est donc difficile à trouver, et encore plus difficile à conserver.

Aucun gouvernement canadien n’avait probablement eu davantage besoin d’une telle occasion que les libéraux de Justin Trudeau, qui tirent maintenant de l’arrière dans la plupart des sondages. Le Budget 2019 donne au gouvernement Trudeau l’occasion de remettre l’accent sur la classe moyenne, tout en précisant sa position auprès des électeurs, au moment où tous les partis se préparent aux élections fédérales d’octobre 2019.

Le ministre des Finances Bill Morneau a pris les devants aujourd’hui, réaffirmant les priorités bien établies du gouvernement depuis son arrivée au pouvoir en 2015. Avec le Budget 2019, le gouvernement Trudeau a tenté de consolider de nouveau le vote de centre-gauche et d’interpeller sa base progressiste, avec diverses nouvelles mesures potentiellement attrayantes pour des groupes cibles comme les millénariaux et les aînés.

De plus, l’annonce d’aujourd’hui, qui comprend des mesures comme l'Incitatif à l’achat d’une première propriété, visant directement les millénariaux, souligne l’intention du gouvernement Trudeau d’établir un net contraste avec les conservateurs à l’aube de la prochaine campagne.

Reste à savoir si cela fonctionnera, et si les électeurs seront prêts à ignorer les récentes difficultés du gouvernement. Mais pour l’instant, le Budget 2019 représente un exercice de communication hâtif et essentiel pour permettre aux libéraux de se positionner et de (re)formuler l’ADN de leur parti auprès des électeurs et les groupes cibles partout au pays.

Les autres faits saillants du budget de 2019 comprennent :

  • la création d'une Agence canadienne des médicaments et d'un formulaire national, premières étapes vers la mise en œuvre d’un régime d’assurance-médicaments national;
  • la possibilité pour les ménages dont le revenu est de moins de 120 000 $ par année d'accéder, pour l'achat d'une première propriété, à un prêt hypothécaire avec participation de 10 % de la valeur d’une habitation nouvellement construite, ou de 5 % de la valeur d’une habitation existante, via la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL);
  • l’inscription proactive en 2020 des cotisants au RPC qui sont âgés de 70 ans ou plus et une exemption complète ou partielle de jusqu’à 15 000 $ en revenu d’emploi pour les aînés;
  • la création de l’Allocation canadienne pour la formation, comprenant un nouveau crédit canadien pour la formation visant à aider les Canadiens à payer les frais de formation, une nouvelle prestation de soutien à la formation d’assurance-emploi qui aidera les travailleurs qui suivent une formation à payer leurs frais de subsistance, et de nouvelles dispositions relatives aux congés dans le but de garantir la capacité des travailleurs de s’absenter du travail sans risque afin de suivre de la formation.

D’un point de vue préélectoral, le Budget laisse entendre que les orientations adoptées par les libéraux seront semblables à celles de la campagne de 2015. Le parti a confiance en son approche, et croit qu’une version politique « 2.0 » de celle-ci, actualisée pour 2019, représente la formule gagnante.

Au moment où le Nouveau Parti démocratique est relativement faible, le Parti libéral du Canada dispose d’une énorme marge de manœuvre sur ses flancs gauche et centre gauche. Cette réalité s’est également reflétée dans le budget de cette année – qui ne donne pas du tout l’impression que le premier ministre doute de sa stratégie ou croit qu’une victoire électorale cet automne dépendra des électeurs de centre droit ou conservateurs.

L’annonce d’aujourd’hui indique également que le premier ministre Trudeau cherche, à juste titre, à mener les prochaines élections à sa façon, et sur ses enjeux. Il veut donner le ton, faire passer son message et accélérer la cadence. Et il espère aussi se distinguer de l’opposition de droite et de gauche.

À cette fin, le Budget 2019 s’appuie largement sur les secteurs qui se situent dans la zone de confort du Parti libéral. Il dépeint un gouvernement qui sait que les prochaines élections ne seront pas une victoire facile. Le gouvernement veut s’assurer que l’opposition est occupée à répondre aux idées libérales plutôt qu’à capitaliser sur des questions plus épineuses, comme les controverses et les scandales.

Réactions de l’opposition

Les réactions des partis d’opposition au Budget ont été largement teintées par les audiences du Comité de justice de la Chambres des communes au sujet de l’ancienne ministre de la Justice libérale Jody Wilson-Raybould.

Le chef du parti Conservateur Andrew Scheer a orchestré une sortie de la Chambre des communes en raison de cet enjeu, après avoir tenté d’enterrer le discours du ministre Morneau. La réaction de M. Scheer au budget lui-même avait peu à voir avec les détails du plan proposé, se concentrant plutôt sur les récents déboires du gouvernement.

Pour sa part, Jagmeet Singh a dirigé ses critiques sur l’inaction du gouvernement Trudeau dans des secteurs traditionnellement associés aux valeurs du NPD, dont le régime d’assurances médicaments et l’accès à la propriété.

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——— Andrew Richardson était directeur adjoint, Politiques et stratégiea au Cabinet de relations publiques NATIONAL