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Retour au bureau : journal d'un conseiller au centre-ville de Montréal

14 juillet 2022
Retour au bureau : journal d'un conseiller au centre-ville de Montréal
Rédigé par
Joël Cain

Joël Cain

Aller travailler au bureau chaque jour de la semaine, ça a commencé comme un défi personnel.

J’ai voulu surtout observer les raisons qui me poussent à croire que d’aller travailler au bureau tous les jours de la semaine c’est un défi personnel. C’est pourtant quelque chose qui a été normal pendant des décennies.

Depuis mars 2020, nous sommes confrontés à des messages qui nous encouragent à rester chez soi, à être vigilants, à être prudents. On s’est adapté à notre nouvelle réalité à un point tel qu’on a oublié que travailler du lundi au vendredi dans une tour de bureaux au centre-ville, c’était la normalité.

Au cours de cette expérimentation des plus loufoques, j’ai décidé de tenir un petit journal de bord sur mes observations et c’est le résultat de cette expérience que nous partageons aujourd’hui avec vous.

À noter qu’il s’agit là d’un journal de bord, ce n’est pas pour moi un moyen de vendre le travail au bureau. Je crois fondamentalement au modèle hybride, mais je pense qu’il ne faut pas rejeter complètement les avantages de travailler au centre-ville. Voici donc le résultat de mon expérience.

Lundi : Une pensée pour nos commerçants

J’arrive au bureau à 7 h 30 pour faire mes veilles quotidiennes, je me fais un café et j’en profite pour aller le boire sur la terrasse. Avec le soleil qui plombe, le centre-ville qui s’active et la musique dans mes oreilles, c’est véritablement un moment où j’ai pensé que mon défi personnel ne serait pas si difficile finalement.

Nous avons la chance d’avoir accès à la plus belle terrasse de Montréal et c’est dans ce genre de moment qu’on en réalise sa grande beauté.

Durant l’après-midi, je me rends à la Place Ville-Marie pour m’acheter une collation et lorsque je termine de payer, l’employé, visiblement propriétaire du commerce, me regarde vivement dans les yeux et me dit avec le plus grand des sourires: « Merci tellement d’être venu acheter ici! ».

J’ai vu dans le regard d’un homme des semaines de fermetures dues à la COVID, des promesses brisées, de l’anxiété financière, mais surtout une lueur d’espoir. J’ai eu une pensée pour nos commerçants et j’ai relativisé mon fameux « défi personnel ».

Mardi : Le bruit

Aujourd’hui, il y a tellement de monde dans les rues et il fait si beau dehors. En marchant avec ma collègue pour aller chercher à manger, j’écoute la symphonie d’un centre-ville en pleine ébullition. Entre le bruit des voitures, les brèches de conversations des passants et la construction, je me sens galvanisé de l’énergie que m’apporte cette musique.

À notre retour, un collègue nous invite à faire une courte visite de l’Édifice Sun Life, me faisant ainsi prendre conscience de l’histoire incroyable de cet immeuble. Ce bâtiment, érigé en 1913, a littéralement vu le centre-ville de Montréal se construire autour de lui. L’héritage fascinant de celui-ci, son histoire, m’inspire et me pousse à vouloir, à mon tour, réaliser de grandes choses.

En prenant le bus pour revenir chez moi, il y a une atmosphère tranquille qui règne. Les gens sont silencieux, on dirait que tout le monde est dans sa bulle. Je me dis qu’il y a quelque chose de méditatif là-dedans. Je pense qu’il n’y a rien de tel que de prendre une trentaine de minutes après le travail et d’être obligé à « ne rien faire ». Nous sommes tellement stimulés quotidiennement que ça peut faire du bien à notre santé mentale d’être obligé de s’asseoir pendant 30 minutes à n’avoir rien d’autre à faire que d’écouter de la musique, lire un livre ou, tout simplement, attendre.

Mercredi : Productivité

Je manque d’inspiration lors de la production du calendrier de contenu pour un client. J’ai réfléchi toute la matinée sur ce qu’on pourrait proposer au client pour le mois prochain et rien ne me vient en tête. Ironiquement, c’est en dînant avec mes collègues, en ayant des conversations anodines sur l’heure du dîner qu’une idée est apparue. Normalement, en télétravail j’aurais passé ce temps à continuer de réfléchir à cette fameuse idée. On pense souvent qu’on travaille mieux seul chez soi. Comme quoi, parler de tout et de rien avec les collègues peut être plus productif qu’on ne le pense.

À ce moment, j’ai repensé à l’épisode de Mad Men où Donald Draper dit à sa collègue «Just think about it deeply, then forget it... then an idea will jump up in your face. »

Jeudi : Récompense

Tout le monde connaît le dicton « Work hard, play hard », mais celui-ci prend tout son sens le jeudi dès 17 h. Après une grosse semaine, le goût délicat d’une boisson sur une terrasse au soleil trouve rapidement des adeptes. Finalement, nous sommes un peu plus d’une dizaine à nous rassembler dans un bar du centre-ville et je dois dire que ça a été une de mes plus belles soirées depuis mon arrivée chez NATIONAL.

En quelques heures, j’ai eu l’impression d’apprendre à connaître mes collègues dix fois plus rapidement qu’en des mois de télétravail.

C’est plus facile de créer des liens quand tu n’as pas à répéter à ton collègue qu’il est sur mute.

C’est plus facile de créer des liens quand plusieurs personnes peuvent parler en même temps et que tu peux sauter d’une conversation à l’autre.

C’est plus facile de créer des liens quand il n’y a pas une barrière technologique qui nous sépare.

Vendredi : Conclusion

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, on parle beaucoup de rétention du personnel et de recrutement. Je pense sincèrement que des événements comme le 5 à 7 d’hier ont un plus gros impact qu’on pense, non seulement sur le sentiment d’appartenance envers la Firme, mais sur notre connaissance de notre environnement de travail.

Même s’il y a des moments pendant la semaine où j’aurais bien voulu être dans le confort de mon foyer en télétravail, je pense toutefois qu’il ne faut pas idéaliser un mode de travail au-dessus d’un autre. Même les personnes les plus casanières ont avantage à revenir au bureau, ne serait-ce que pour voir à quel point ça peut être bénéfique de faire la distinction entre le travail et la vie personnelle, ou simplement pour voir à quel point notre centre-ville est bien vivant, et ce, malgré les défis auxquels il a fait face.

Finalement, cette expérience m’a permis de mieux comprendre les avantages de chacun des deux modes de travail. Que ce soit à travers l’environnement inspirant d’un centre-ville qui s’active, des discussions de corridor avec des collègues ou la prise d’un bain de soleil sur la terrasse, c’est en portant une attention particulière aux petites choses du quotidien qu’on grandit.

——— Joël Cain était conseiller au Cabinet de relations publiques NATIONAL

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