Le ministre des Finances de Terre-Neuve et Labrador, Tom Osborne, a présenté, le mardi 27 mars, son premier budget, « Building for Our Future » (Bâtir pour notre avenir). Prudent et pragmatique, le budget de 2018 continue de jeter les bases d’un avenir économiquement diversifié et prospère dans une réalité économique fragile et incertaine. Malgré d’importants déficits annuels prévus pour les trois prochaines années, le gouvernement prétend être sur la bonne voie pour revenir à un excédent budgétaire en 2022-23. Le gouvernement soutient qu’il a un plan, qu’il s’y tient et que celui-ci fonctionne, mais il est clair que les lourdes tâches nécessaires pour atteindre l’équilibre auront probablement lieu après les prochaines élections.
Alors que nous entrons dans une période préélectorale, il n’est pas surprenant de voir le gouvernement continuer de « montrer l’exemple », par des mesures internes de réduction des coûts, de la fonction publique et des coûts de main-d’œuvre associés. Bâtir pour notre avenir se fait l’écho des engagements antérieurs en faveur d’une structure gouvernementale allégée, appuyée par de nombreuses confirmations d’une réduction des dépenses gouvernementales dans tous les ministères, conseils, organismes et commissions.
Dans l’ensemble, les électeurs ont été épargnés, alors que le ministre n’a annoncé aucune nouvelle taxe ou augmentation de frais gouvernementaux; en fait, le budget comprend des investissements importants dans des domaines prioritaires tels que les soins de santé, l’éducation et la formation professionnelle. À l’avenir, le contrôle de la hausse des tarifs d’électricité continuera de constituer un défi pour le gouvernement actuel et nous pouvons nous attendre à ce que cette question soit mise de l’avant à l’approche d’une élection. Le discours du budget était définitif: la vision du gouvernement ne prévoit pas de doubler les tarifs d’électricité.
L’annonce de la transition de la filiale pétrolière et gazière de Nalcor vers une société d’État autonome risque de susciter un sentiment populiste, mais la scission du pétrole et du gaz témoigne de l’engagement stratégique du gouvernement à positionner Terre-Neuve et Labrador comme un emplacement privilégié pour le développement du pétrole et du gaz. Cette vision est articulée dans Advance 2030, un plan d’action élaboré en partenariat avec l’industrie pour accélérer la croissance et améliorer la compétitivité du secteur pétrolier et gazier de la province.
L’engagement du gouvernement à l’égard de la diversification économique par l’intermédiaire de l’agriculture, de l’aquaculture et des industries de technologie de pointe nécessitera un changement de mentalité afin de préparer nos jeunes à l’emploi dans ces industries émergentes. À cette fin, ce budget prévoit d’importants investissements dans le développement des compétences et l’éducation, notamment la poursuite du gel des frais de scolarité et un examen indépendant du système d’éducation postsecondaire de la province.
Avec une réaction publique mitigée, le budget a bénéficié d’une couverture médiatique relativement faible par rapport aux budgets précédents. Nous avons recensé des niveaux beaucoup plus faibles de conversations en ligne, sans aucun doute le résultat d’une stratégie réussie de ne pas faire tanguer le bateau. Malgré l’assurance que le plan du gouvernement fonctionne, le budget de 2018 nous donne l’impression qu’il y a plus à venir – un récit à suspense fiscal soumis aux caprices d’une économie mondiale imprévisible et à la volatilité des prix du pétrole.