#SportSansAbus : Une collaboration sans précédent
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Au cours des dernières semaines, il aurait fallu habiter un autre pays que le nôtre pour ne pas avoir entendu parler de la sortie médiatique collective effectuée par Geneviève Simard, Anna Prchal, Gail Kelly, Amélie-Frédérique Gagnon, Émilie Cousineau, Allison Forsyth, Katie Bertram et Gillian McFetridge. Toutes ces femmes figurent au nombre des victimes de Bertrand Charest. Loin de vouloir m’attarder sur les détails de cette sordide affaire, j’aimerais plutôt vous raconter l’histoire d’une collaboration sans précédent entre les différents intervenants de l’univers dans lequel nous gravitons, qui a permis de faire naître un désir profond et authentique de changer les choses. Cette collaboration, empreinte d’humanité, a su regrouper efficacement une équipe de relationnistes, les représentants des médias et le gouvernements autour du bien commun.
Crédit photo : Valérian Mazataud/Le Devoir. En ordre : Amélie-Frédérique Gagnon, Gail Kelly, Anna Prchal et Geneviève Simard.
Une demande toute simple; un processus rempli d’émotions
Ces femmes au courage exceptionnel et à la détermination sans borne sont sorties de l’ombre après des années pour s’adresser à l’ensemble de la population canadienne. Leur message était clair : faites en sorte que toute fédération sportive qui bénéficie de subventions de l’état pour mener à bien ses activités prouve désormais qu’elle a mis en place un réel programme de sécurité pour protéger les athlètes de toute forme d’abus – sans quoi, aucune subvention ne lui sera accordée.
Aussi simple puisse-t-elle paraître, cette demande a dû être soigneusement orchestrée pour maximiser son impact auprès du public et faire en sorte que les parties prenantes concernées passent réellement à l’action. Le tout s’est matérialisé grâce à une collaboration hors norme entre plusieurs acteurs qui, plus souvent qu’autrement, affichent des positions divergentes.
Notre mandat de relations publiques était clair : développer une campagne médiatique percutante sur laquelle nos spécialistes des relations gouvernementales fédérales et provinciales allaient s’appuyer pour forcer des prises de décision immédiates de la part des dirigeants politiques. Bref, une campagne capable de traiter avec dignité un sujet extrêmement délicat, mais dont l’effet aurait la puissance suffisante pour faire bouger les gouvernements.
Des résultats à la hauteur d’une collaboration inouïe
Les circonstances commandaient une approche empreinte de sensibilité et de respect à l’égard de celles qui allaient devenir les porte-étendards de la cause. Si ces femmes savaient déjà que parler publiquement était la bonne chose à faire, la préparation à leurs confessions et leurs demandes n’avaient rien d’évident. Avant de préparer les outils classiques tels que messages clés et communiqués de presse, il a fallu avant tout écouter l’histoire de chacune – un exercice qui s’est révélé difficile pour plusieurs d’entre nous. Il nous a fallu aussi comprendre leurs motivations profondes à se lancer dans le projet, les réconforter et les encourager pour que la détermination qui les habite et leur force de caractère se traduisent à travers des arguments implacables qui allaient enfin faire bouger les choses.
Après plus de 13 ans en relations publiques, j’ai rarement été témoin d’une pareille collaboration entre notre équipe chez NATIONAL, les représentants des médias et les membres du gouvernement – tous partis confondus.
Non seulement nous avons mis à contribution les meilleures personnes possibles au sein de notre équipe sans égard aux silos ou aux pratiques pour servir nos clientes, – et leur cause – le plus efficacement possible, mais tous les médias canadiens et les parlementaires québécois ont su mettre de côté leurs différends pour que cessent enfin les abus dans le sport. En un rien de temps, les médias ont fait cause commune pour dénoncer haut et fort le sort fait à ces femmes, sans verser dans le sensationnalisme et en tout respect des personnes concernées. Le gouvernement du Québec n’a pas hésité à emboîter le pas. En moins d’une semaine, une motion fut déposée à l’Assemblée nationale et adoptée à l’unanimité par tous les partis politiques. Une semaine plus tard, c’était au tour du fédéral d’annoncer des mesures sévères pour éliminer toute forme d’abus dans le sport.
Vous vous direz peut-être que les médias et les gouvernements n’avaient tout simplement pas le choix de sauter dans ce train en marche. C’est vrai. Mais connaissant la lenteur proverbiale d’une société à changer l’ordre établi, j’ai ressenti une immense satisfaction à voir toutes les parties prenantes impliquées avancer en équipe, d’un même pas. Je suis fière d’avoir pu contribuer à cette cause avec toute mon équipe. Et plus que tout, je me réjouis pour ces femmes courageuses et inspirantes dont l’action a réussi à changer les choses pour tous les jeunes athlètes qui suivront leurs pas.
Comme l’a un jour évoqué notre fondateur : « Notre profession nous amène à rechercher le bien commun, ce qui ajoute à sa dignité et à notre fierté. » Vous n’aviez jamais cru si bien dire monsieur Beauregard.
——— Marie-Christine Garon était directrice et leader, secteur Sports et Loisirs au Cabinet de relations publiques NATIONAL