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La douzième fois est la bonne? Le Canada dévoile son nouveau Plan de réduction des émissions

La douzième fois est la bonne? Le Canada dévoile son nouveau Plan de réduction des émissions

Unsplash / Chris LeBoutillier

Rédigé par
Simon Beauchemin

Simon Beauchemin

Rédigé par
Directrice, Affaires publiques

Emily Rowan

Directrice

Unsplash / Chris LeBoutillier

Le 29 mars, le gouvernement fédéral a dévoilé la voie à suivre pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre du Canada en 2030 – qui comprend 9,1 milliards de dollars de nouveaux investissements. Ce processus sur huit ans vise à réduire les émissions de 40 à 45 % par rapport aux niveaux de 2005.

Ce rapport évolutif, intitulé le Plan de réduction des émissions pour 2030 : Prochaines étapes du Canada pour un air pur et une économie forte, souligne que le régime actuel de tarification du carbone restera la pierre angulaire de l'action fédérale en matière de climat.

Il s'agit du premier Plan de réduction des émissions (PRE) publié en vertu de la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité, mais ce n'est pas la première fois qu'Ottawa s'attaque au dossier du carbone. Chantal Hébert, l'une des spécialistes les plus chevronnées de la politique fédérale, a déploré le fait qu'il s'agissait du douzième plan fédéral sur le climat qu'elle avait couvert depuis 1988, et qu'aucun d'entre eux n'était parvenu à atteindre les objectifs fixés en matière d'émissions. Ce plan sera-t-il différent?

Le gouvernement s’est fixé des balises claires quant aux objectifs à atteindre au cours des prochaines années. Dans le but de réduire les émissions, le gouvernement fédéral va, entre autres, adoucir les allégements fiscaux accordés aux entreprises du secteur des combustibles fossiles qui soutiennent les méthodes de captage du carbone, renforcer les mesures incitatives pour les véhicules zéro émission et s'efforcer de rendre le réseau électrique canadien plus propre. Les autres points d'intérêt du plan sont les suivants :

  • Élargissement du Fonds pour une économie à faibles émissions de carbone par un renouvellement de 2,2 milliards de dollars
  • Un investissement supplémentaire de 458,5 millions de dollars dans le programme de Subvention pour des maisons plus vertes du Canada
  • 400 millions de dollars pour les stations de recharge des véhicules zéro émission et une prolongation de 1,7 milliard de dollars du programme d'incitations pour les véhicules à zéro émission
  • Un investissement de 194 millions de dollars pour développer le système industriel de gestion de l'énergie pour l’obtention de la certification ISO 50001
  • 780 millions de dollars supplémentaires pour le Fond des solutions climatiques axées sur la nature

En particulier, Ottawa a indiqué qu'il s'attendait à ce que le secteur pétrolier et du gaz réduise ses émissions de 42 % d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2019. En l'absence d'un plafond de production – un aspect du plan déploré par la plupart des défenseurs de l'environnement – Ottawa compte sur des réductions drastiques de méthane dans la production conventionnelle et sur des technologies innovantes, mais pas encore reconnues, comme la capture du carbone pour atteindre ses objectifs.

Le plan est ambitieux, mais il prévoit que les producteurs de pétrole canadiens augmenteront leur production d'un million de barils par jour d'ici 2030, ce qui met en lumière le défi que doit relever le Canada pour trouver un équilibre entre les engagements en matière de changement climatique et les préoccupations relatives à l'instabilité géopolitique et à l'inflation énergétique galopante.

Analyse politique

Le porte-parole conservateur en matière d'environnement, Kyle Seeback, a été clair : le Parti conservateur n'appuie pas le plan proposé. À l'instar de ses collègues conservateurs, il est favorable aux objectifs fixés par Stephen Harper en 2015.

Étant donné qu'une grande partie du soutien des conservateurs provient de l'Ouest canadien – où se trouvent les provinces fièrement productrices de pétrole qui doivent maintenant passer en mode de survie – il est clair que la pléthore de candidats à la direction du Parti conservateur devra répondre à leurs préoccupations tout en s'attaquant à l'action climatique.

Bien que les libéraux aient fait de la place au NPD comme compagnon de route, cela n'a pas empêché la porte-parole du NPD en matière d’environnement, Laurel Collins, de dénoncer le plan pour son manque d'urgence face à la crise climatique au Canada. Le NPD a souligné que les Libéraux « vont dans la mauvaise direction ».

Ce que cela signifie pour vous

Malgré les mots durs de certains – le ministre de l'Environnement de l'Alberta, Jason Nixon, a qualifié le plan du gouvernement fédéral de « fou » – ce plan a reçu des critiques acceptables, y compris de la part de l'industrie énergétique elle-même.

Pour le secteur de l'énergie, certains détails cruciaux seront contenus dans le budget 2022. Notamment, la question se pose : comprendra-t-il les crédits d'impôt pour le captage du carbone que l'industrie réclame? Bien que la plupart des observateurs pensent que oui, le Premier ministre a clairement indiqué qu'il attendait de l'industrie qu'elle fasse le gros du travail. « Avec des bénéfices records, c'est le moment pour le secteur pétrolier et gazier d'investir », a-t-il déclaré.

Le plan prévoit que 20 % de toutes les ventes de nouveaux véhicules soient à zéro émission d'ici 2026. Les véhicules électriques ne représentant actuellement que 6 % des ventes, il sera intéressant de voir comment le gouvernement compte atteindre son objectif en seulement quatre ans. Les clients du secteur des transports devraient prendre note des voix qui s'élèvent déjà pour réclamer des ressources et des incitatifs supplémentaires pour encourager l’achat de véhicules électriques.

On s'attend à plus dans le budget fédéral de la semaine prochaine. Mais quelles que soient les nouvelles enveloppes de financement contenues dans le budget 2022, le véritable défi consistera à aligner les décisions politiques sur les objectifs d'émissions ambitieux du PRE dans l'ensemble du gouvernement.

Contactez nos experts pour en savoir plus sur la façon dont nous pouvons vous guider. Nous avons l'expertise et la portée nécessaires pour vous aider à naviguer dans le plan climatique du gouvernement fédéral.

——— Simon Beauchemin était directeur principal, Investissement et Commerce au Cabinet de relations publiques NATIONAL