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Élection fédérale 2021 : analyse de la campagne du NPD en Colombie-Britannique et au Québec

Jagmeet Singh
Rédigé par
Jason Craik

Jason Craik

Rédigé par
Claire de Muns

Claire de Muns

Depuis 2019, le chef du NPD, Jagmeet Singh, tente de traduire l'appui des électeurs à son égard (il est encore le plus populaire parmi les chefs fédéraux) en gains politiques pour son parti. Alors que le NPD semble prêt à augmenter la taille de son caucus, notamment grâce à des gains en Ontario, certaines provinces, notamment la Colombie-Britannique et le Québec, représentent des défis pour le parti, et sa capacité à surmonter ces obstacles pourrait déterminer le résultat de cette élection.

Colombie-Britannique

Le NPD étant maintenant au coude à coude avec les conservateurs et les libéraux en Colombie-Britannique, nous nous rapprochons de la réponse à la question suivante que beaucoup d’observateurs se sont posée au début de la campagne : les politiques et les actions du gouvernement néo-démocrate de la Colombie-Britannique aideront-elles ou nuiront-elles aux chances du parti fédéral dans la province?

Bien qu'ils entretiennent une relation étroite, le NPD de la Colombie-Britannique et le parti fédéral ne sont pas ultimement liés. Dans le contexte d'un système bipartite dans la province, le NPD de la Colombie-Britannique a continué à tendre vers le centre et a adopté une approche résolument pragmatique du gouvernement, ce qui a amené les factions les plus à gauche du parti à être mécontentes de certaines des décisions prises par le parti.

Certains militants sont mécontents de la poursuite des subventions aux combustibles fossiles et considèrent que le sentiment d'urgence à protéger les forêts anciennes n'est pas assez marqué. D'autres ont critiqué les plans des partis provinciaux visant à poursuivre le mégaprojet du site C et à autoriser de nouveaux investissements dans les projets de GNL.

Cependant, tout au long de la campagne, Jagmeet Singh a réussi à faire la part des choses entre les critiques sérieuses de ses homologues provinciaux et le soutien total à certaines des décisions politiques les plus « controversées » prises par John Horgan et son parti, échappant ainsi à certains des contrecoups que plusieurs anticipaient dans le cadre de cette campagne.

Hormis l'expression de ses sérieuses préoccupations concernant l'expansion du projet GNL et les subventions aux combustibles fossiles, M. Singh a réussi à conserver des positions modérées sur diverses questions délicates, comme la manifestation contre l'exploitation des forêts anciennes à Fairy Creek, qui est devenue le plus grand acte de désobéissance civile de l'histoire de la province.

Si on ajoute à cela les difficultés rencontrées par le Parti vert fédéral et le déclin du soutien pour les libéraux de Justin Trudeau, certains électeurs progressistes de la province considèrent désormais Jagmeet Singh et le NPD comme leur seule option, indépendamment de ce qu'ils pensent de leurs homologues provinciaux.

Et le parti cherche à tirer pleinement parti de ce revirement de situation – Jagmeet Singh a fait un autre arrêt cette semaine dans la circonscription de Nanaimo—Ladysmith de Paul Manly, l'un des deux seuls députés verts sortants, alors que le NPD cherche à reprendre un siège dans une région qui a historiquement penché du côté du NPD par le passé, l'actuelle ministre néo-démocrate de la santé mentale de la Colombie-Britannique, Sheila Malcolmson, l'ayant emporté en 2015, et avant le redécoupage, la députée néo-démocrate Jean Crowder ayant dominé la circonscription de Nanaimo—Cowichan de 2004 à 2015.

Au cours de ces derniers jours, le chef du NPD et son équipe tenteront de consolider leur soutien dans les basses-terres continentales, où le cri de ralliement de la campagne de M. Singh, « taxer les riches », sera bien accueilli dans la région qui a ressenti directement les effets des grandes quantités de capitaux qui ont privé plusieurs de ses habitants du rêve d’accéder un jour à la propriété.

Dans le cadre de cette élection où la question de l'urne se fait toujours attendre, les partis fédéraux ont dû se tourner vers des messages plus locaux, et la plateforme du NPD, qui propose des politiques progressistes et un soutien de la classe moyenne, est taillée sur mesure pour une province confrontée à une crise liée à l'accès au logement.

Le 20 septembre, nous verrons si cela suffit au NPD pour gagner du terrain ici en Colombie-Britannique, malgré ses différences avec ses homologues provinciaux.

Québec

Juste avant le déclenchement de l'élection, on prévoyait qu'Alexandre Boulerice, le seul député néo-démocrate restant au Québec, serait talonné par ses opposants libéral et bloquiste. Au départ, la priorité du parti au Québec était de sauver son dernier représentant.

Cela a rapidement changé dans les premiers jours de la campagne, les libéraux ayant chuté dans les sondages, donnant à Alexandre Boulerice une avance confortable. Cela a permis au parti d'essayer de faire des gains dans d'autres circonscriptions, un résultat qui aurait semblé totalement inconcevable il y a quelques semaines, alors que les analystes et les sondages prédisaient que le NPD pourrait être rayé de la carte du Québec.

En effet, la populaire ancienne députée Ruth Ellen Brosseau a annoncé qu'elle se représenterait dans son ancienne circonscription de Berthier—Maskinongé, où elle a perdu par moins de mille voix en 2019.

À Montréal, les néo-démocrates espèrent déloger le député libéral sortant Steven Guilbeault dans la circonscription de Laurier—Sainte-Marie. Leur candidate Nimâ Machouf s'est présentée contre M. Guilbeault en 2019 sans succès. Mais les choses ont changé depuis : en 2019, en tant qu'ancien militant pour le climat, M. Guilbeault a réussi à séduire les jeunes électeurs progressistes du Plateau. Mais il a maintenant la tâche complexe de défendre le bilan des libéraux en matière de changement climatique, alors que certains accusent son parti de ne pas se préoccuper suffisamment de la question environnementale.

Alors que leur parti est en hausse dans les sondages, les néo-démocrates sont même désormais dans la course dans certaines circonscriptions en dehors de Montréal, comme Sherbrooke ou Rimouski-Neigette—Témiscouata—Les Basques, qui étaient représentées par des députés néo-démocrates jusqu'en 2019.

Cependant, bien que le NPD puisse avoir un certain élan dans quelques circonscriptions du Québec, le parti ne se trouve certainement pas dans des conditions idéales pour gagner des sièges.

Depuis 2015, les dons au parti au Québec ont considérablement diminué. Même en obtenant de meilleurs résultats dans les intentions de vote depuis le début de la campagne, le NPD est encore loin de disposer des mêmes ressources que les trois autres principaux partis dans la province. Or, le financement est la clé de la réussite d'une campagne.

Le Québec demeure un défi de taille pour les néo-démocrates depuis l'incident du « niqab gate » de 2015, qui avait alors montré que le parti n'était pas en phase avec la plupart des Québécois sur les questions identitaires. La réémergence de ces questions dans la campagne (alimentée par le dernier débat au cours duquel la modératrice a qualifié deux lois québécoises très populaires de « discriminatoires ») pourrait ruiner le modeste élan que le parti de Jagmeet Singh semblait avoir au Québec.

Consultez notre section spéciale Élection fédérale 2021 pour retrouver les plus récentes perspectives de nos experts.

——— Claire de Muns était coordonnatrice, Relations gouvernementales au Cabinet de relations publiques NATIONAL

——— Jason Craik était directeur, Affaires corporatives et publiquesau Cabinet de relations publiques NATIONAL