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Coopération constructive : planifier le chemin de la relance

Justin Trudeau durant son point de presse COVID-19

Crédit photo : La Presse canadienne/Justin Tang

Rédigé par
Tiéoulé Traoré

Tiéoulé Traoré

Crédit photo : La Presse canadienne/Justin Tang

Le contexte d’un gouvernement minoritaire allait inévitablement entraîner des difficultés pour nos représentants politiques à Ottawa. Mais aucun observateur n’aurait pu prévoir qu’une pandémie mondiale en serait le principal vecteur. La COVID-19 apporte des défis auxquels nous n’avions pas fait face depuis des décennies, menaçant les fondements mêmes de nos sociétés. Dans son sillage, le virus a mis en danger notre santé et menacé nos économies mondiales interconnectées.

En temps de crise, les gens ont tendance à « se rallier autour du drapeau ». La crise du COVID-19 ne déroge pas à cette règle. Tous les chefs de parti se sont rassemblés autour du premier ministre Justin Trudeau, mettant de côté leurs différences idéologiques et les querelles partisanes pour laisser toute la latitude au gouvernement. Cette dynamique a aussi percolé au sein de la Confédération, où même des adversaires provinciaux de longue date complimentent l’équipe Trudeau pour sa gestion de la crise, notamment le premier ministre de l’Ontario Doug Ford.

Alors que le pays continue de s’adapter, nos élites politiques se sont regroupées pour le plus grand bien des Canadiens. En ce sens, notre démocratie parlementaire peut sembler inactive en ce moment, mais elle a plutôt été mise en pause, car le Canada mène actuellement un des combats les plus importants de son histoire.

Cependant, au milieu du chaos, des conversations importantes se déroulent actuellement au sein de deux comités parlementaires clés, qui se réunissent par téléconférence pour jeter les bases d’une éventuelle relance économique du Canada.

Le Comité permanent des finances et le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes écoutent des témoins (dirigeants d’associations industrielles, universitaires, syndicats, etc.) depuis plusieurs semaines. Les commentaires recueillis mettent en lumière les politiques qui vont probablement être formulées… et les angles que les partis politiques vont poursuivre.

  • Le Parti conservateur cherche déjà à positionner le secteur pétrolier et gazier comme une priorité dans le cadre des efforts de relance. Alors qu’Ottawa continue de travailler sur un ensemble de mesures de secours pour le secteur des combustibles fossiles, l’Opposition officielle se prépare à demander un assouplissement, voire un rejet absolu des protocoles d’évaluation environnementale, en espérant que les énergies combustibles soient un moteur de la croissance de notre économie.

  • Le Bloc québécois est devenu la voix d’un important secteur de l’économie québécoise durement touché par la crise actuelle : le tourisme. En effet, les mesures de confinement, combinées à la fermeture de notre frontière aux voyages non essentiels, ont paralysé des secteurs comme l’industrie de l’hospitalité et les festivals d’arts et de musique, juste avant la haute saison. De plus, les travailleurs saisonniers, qui constituent le poumon de ces industries, n’étaient à l’origine pas admissibles à la Prestation canadienne d’urgence, une situation qui a heureusement été rectifiée le 15 avril. Tout de même, la principale crainte en ce moment est que COVID-19 modifie de façon durable les habitudes de voyage, ce qui cause beaucoup d’inquiétude au sein d’un secteur fortement dépendant de la libre circulation des personnes.

  • Le NPD profite de ces audiences pour promouvoir une meilleure protection des travailleurs. Plus important encore, il tâte le terrain pour l’idée du revenu universel de base, une politique qu’il défend depuis des années, et qui pourrait se révéler plus populaire si le Canada traverse une récession. Les Canadiens vulnérables pourraient être tentés d’examiner cette proposition avec plus d’intérêt.

  • De manière générale, des changements importants sont susceptibles de se produire au sein de notre système de santé. Il y a un consensus apparent autour du manque de financement chronique non seulement pour les soins de santé primaires, mais aussi pour les soins d’urgence, les soins virtuels, les soins aux personnes âgées et les services en santé mentale. La COVID-19 met en lumière ce problème. Les Canadiens voudront s’assurer que notre pays est prêt si des vagues subséquentes de COVID-19 surviennent. Mais ils voudront également être certains que leurs prestataires de soins de santé sont équipés de tout ce dont ils ont besoin, pandémie ou non, dans les zones urbaines ou rurales/éloignées. Bien que les partis d’opposition aient relayé ce message, il semble que les libéraux partagent le même sentiment – et qu’ils sont désireux de s’attaquer à ces problèmes.

On peut affirmer que ces débats sont une preuve supplémentaire de la vivacité de notre démocratie. Les partis politiques ont largement évité les rencontres conflictuelles. Plus important encore, ils ont utilisé ce temps pour attaquer la tâche ardue de concevoir un plan de relance pour tous les Canadiens.

Le temps des affrontements partisans viendra bien assez vite. Pour l’instant, un état de coopération constructive semble s’être installé.

NATIONAL continuera de surveiller de près ce qui se passe à Ottawa, alors que la législature continue de s’adapter aux nouvelles réalités imposées par la pandémie de la COVID-19.

——— Tiéoulé Traoré était directeur, Relations gouvernementales au Cabinet de relations publiques NATIONAL

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