Allez au contenuAllez à la navigation

Analyse régionale de mi-campagne : Colombie-Britannique

Analyse régionale de mi-campagne : Colombie-Britannique
Rédigé par
Jeffrey Ferrier

Jeffrey Ferrier

Avec seulement quelques jours à faire avant l’élection fédérale, l’avantage détenu par les conservateurs en Colombie-Britannique semble être passé au NPD.

À l’aube du week-end de l’Action de grâce, les conservateurs – réduits à seulement 10 sièges sur les 42 de la province en 2015 – semblaient en voie de reprendre plusieurs sièges aux libéraux et aux néo-démocrates, et de se réimposer comme la force politique fédérale dominante en Colombie-Britannique.

Le vote progressiste de la province semblait frappé par une « tempête parfaite ». Libéraux, néo-démocrates et verts étaient à quelques points de différence les uns des autres, laissant les conservateurs confortablement en tête. Les sondages laissaient entrevoir des gains des conservateurs dans leurs forteresses de l’intérieur, et dans des courses à quatre sur l’île de Vancouver.

C’était avant la poussée de Jagmeet Singh. Le NPD gruge des appuis partout au Canada, et le plus récent sondage Ipsos montre le parti en avance en Colombie-Britannique avec 30 % des intentions de vote, soit 4,1 % de plus que lorsqu’il avait gagné 14 sièges en 2015. Les conservateurs arrivent en deuxième place avec 27 %, suivi des libéraux (26 %) et des verts (13 %).

Si cette tendance se maintient jusqu’à l’élection, le NPD pourrait conserver ses 14 sièges, et possiblement faire des gains en banlieue de Vancouver. Quant au Parti conservateur, il semble que des sièges clés, à leur portée il y a quelques jours, pourraient maintenant leur glisser entre les doigts.

Il faut comprendre que la Colombie-Britannique se découpe en quatre champs de bataille bien distincts, possédant chacun leurs enjeux et leur dynamique.

Il y a d’abord le nord et l’intérieur de la Colombie-Britannique. Les conservateurs pourraient y remporter jusqu’à quatre sièges. Deux des sièges seraient ravis aux libéraux à Mission—Matsqui—Fraser Canyon et à Kelowna—Lake Country. Bien que les libéraux espèrent que l’ancien député à l’Assemblée législative de la province Terry Lake puisse arracher Kamloops—Thompson—Cariboo, ces espoirs semblent s’étioler. Les conservateurs gagnent des appuis dans les régions-ressources ayant connu des mises à pied dans le secteur forestier, et où le mécontentement à l’endroit des gouvernements à Ottawa et Victoria est grand.

Deux courses opposant le Parti conservateur au NPD seront à suivre, soit Kootenay—Columbia et South Okanagan—West Kootenay. Alors que ces sièges semblaient être à la portée des conservateurs, la poussée du NPD pourrait aider les députés néo-démocrates sortants Wayne Stetski et Richard Cannings à s’accrocher.

Les conservateurs doivent faire des gains dans les banlieues de Vancouver. Le coût de la vie est un enjeu important dans ces communautés, et la promesse des conservateurs de remettre de l’argent dans les poches des contribuables et de rendre la vie plus abordable pour les familles trouve un écho favorable jusqu’à un certain point. Les conservateurs pourraient gagner jusqu’à neuf sièges dans la région, la plupart aux mains des libéraux, dans des localités comme Richmond, Delta et sur le North Shore.

Les conservateurs espéraient aussi faire des gains dans les régions riches en sièges de Surrey et Burnaby. Le soutien croissant pour le NPD rendra toutefois la tâche difficile pour Andrew Scheer et son équipe. Le NPD fait lui aussi campagne sur des enjeux touchant le portefeuille des contribuables, comme l’assurance-médicaments. Jagmeet Singh se présente dans Burnaby South, et sa présence aide les candidats locaux dans Burnaby et Surrey, où se trouve une grande communauté indo-canadienne. Ces deux villes sont donc des points d’interrogation pour les conservateurs.

La seule course dans laquelle les conservateurs n’ont aucune chance est Burnaby North—Seymour, où ils n’ont pas de candidat. Le libéral sortant Terry Beech devrait être avantagé par l’absence de candidat conservateur, mais le néo-démocrate Svend Robinson pourrait avoir une chance compte tenu de la poussée du NPD dans la province.

On s’attendait à ce qu’Elizabeth May et les verts fassent une percée sur l’île de Vancouver, et leurs chances sont bonnes de remporter jusqu’à cinq sièges. Mais avec les néo-démocrates maintenant en tête dans la province, ces derniers semblent en bonne position de repousser les verts et de maintenir au moins quelques-uns de leurs sièges sur l’île de Vancouver. Un autre scénario pourrait toutefois favoriser les conservateurs. Bien que l’île de Vancouver soit aussi progressiste que le reste du Canada le pense, les conservateurs pourraient tirer avantage d’un fractionnement pratiquement égal du vote progressiste entre libéraux, néo-démocrates et verts. Cela pourrait permettre aux conservateurs de mettre la main sur des comtés ruraux comme Courtenay—Alberni et North Island—Powell River.

La seule région de la province où les conservateurs seront probablement écartés est Vancouver. On s’attend à ce que les électeurs y soient fidèles à leurs habitudes dans les forteresses néo-démocrates et libérales. La course la plus intéressante oppose l’ancienne procureure générale libérale Jody Wilson-Raybould – qui se présente maintenant comme indépendante – et le candidat libéral Taleeb Noormohamed. Mme Wilson-Raybould a lancé sa campagne avec une démonstration de force – un gigantesque rassemblement auquel ont participé des activistes locaux et même Elizabeth May. Toutefois, les indépendants sont largement désavantagés en comparaison avec les campagnes fédérales bien financées, et M. Noormohamed pourrait sortir vainqueur au final.

Avec une élection qui s’annonce serrée, et plusieurs sièges potentiellement en jeu, on peut s’attendre à ce que tous les partis mettent les bouchées doubles en Colombie-Britannique dans les derniers jours de la campagne.

Justin Trudeau sollicitera les appuis en disant qu’un vote pour le NPD ou pour le Parti vert mènera à un gouvernement conservateur soutenu par le Bloc québécois. Cette approche a bien servi les libéraux par le passé, et ils espèrent que l’histoire se répétera.

Pour sa part, Jagmeet Singh tentera de maintenir son élan après de bonnes performances lors des débats nationaux et de bons résultats dans les sondages. On peut s’attendre à de grands rassemblements sur l’île de Vancouver et dans le Lower Mainland, où Singh encouragera les électeurs à voter pour son plan pour soutenir les gens ordinaires plutôt que les riches et puissants.

Elizabeth May se concentrera sur l’île de Vancouver. La région représente sa meilleure opportunité depuis son arrivée comme chef du parti, et elle incitera les électeurs à envoyer un fort contingent de verts au Parlement pour combattre la crise climatique.

Avec les conservateurs bien positionnés dans le nord et l’intérieur, Andrew Scheer fera probablement campagne en banlieue de Vancouver pour présenter son plan de baisse d’impôts.

Quelle sera l’issue de l’élection? Les conservateurs reprendront-ils le contrôle de la politique fédérale en Colombie-Britannique? Les libéraux parviendront-ils à préserver les gains historiques réalisés en 2015? Le NPD et le Parti vert causeront-ils la surprise? Le temps nous le dira.

Visitez notre section spéciale Élection fédérale 2019

Jeffrey Ferrier était vice-président au Cabinet de relations publiques NATIONAL

Suivant

Rédigé par John Sparks

Analyse régionale de mi-campagne : les Prairies
11 octobre 2019